Actualité de « La relation éducative »

Actualité de « La relation éducative »

Une élève monitrice éducatrice de l’IRTS du Ban Saint-Martin ayant sollicité mon point de vue quant à l’actualité et l’intérêt de l’ouvrage La relation éducative, il m’a semblé intéressant de partager et la démarche et la réponse.

 

Question posée à Philippe Gaberan : En quoi ce livre « La relation éducative » est-il encore d’actualité  et peut-il servir de socle à notre future pratique ?

Réponse de Philippe Gaberan : Dans ce livre, La relation éducative, publiée pour la première édition en 2007, j’expose les fondements anthropologiques des métiers de l’humain à partir de trois vérités essentielles : nul ne demande à naître, il ne suffit pas de naître pour être, nul ne peut advenir seul au sens de ce qui le fait être. A partir de ces trois vérités, qu’il serait trop long de commenter ici, j’affirme qu’il existe une possible science de l’éducation et que cette science de l’éducation est la science des limites de l’homme. En l’occurrence, l’une des caractéristiques de l’humain, est cette chance absolument incroyable qui le fait naître et être dépendant d’un autre que lui-même dans la trajectoire du grandir ou du se grandir. L’ancrage éthique de nos métiers tient à la responsabilité propre à tout adulte éducateur de s’engager dans le soutien apporté à un autre que lui-même, en situation de handicap ou de vulnérabilité, pour l’aider à s’inscrire ou se réinscrire dans une trajectoire de vie qui ne serait plus subie (sous l’impact d’événements de nature traumatique) mais choisie.

Et l’actualité de cet ouvrage tient au fait que, dans un contexte de crise de civilisation, nous avons assisté ces dernières années à une attaque sans précédent des métiers de l’humain par le biais d’une idéologie, le libertarisme, qui fait de la « fin de l’homme » la condition ultime d’un fonctionnement à zéro défaut de toute organisation. D’où, par exemple et pour faire vite, la recommandation faite aux éducateurs de ne pas mêler les affects à la relation et de tenir à distance la personne accompagnée ; elle illustre cette volonté d’écarter le facteur humain, considéré comme n’étant plus une chance mais un risque. Or les affects sont un matériau indispensable à la relation éducative dès lors que celle-ci a pour finalité d’aider la personne accompagnée à se déplacer dans sa manière d’être en rapport au monde et à elle-même. Il est sans doute possible d’imaginer pouvoir effacer les symptômes à coup d’actions protocolisées mais il est impossible de prétendre aider une personne à se construire ou se reconstruire sans lui permettre de s’agripper à ce qui se fait l’essentiel de l’être, à savoir sa structure psycho-affective. C’est ce qui fait que j’ai écrit le tome 2 de la relation éducative, intitulé Oser le verbe aimer en éducation spécialisée.

photo : masque mortuaire de Dante – Firenze

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