Savoir écouter la fugue adolescente
Il existe un imaginaire de la « fugue » à la dimension de cet imaginaire de l’espace et du temps que Gaston Bachelard a su si bien théoriser (France Culture, L’espace mode d’emploi) . Et les professionnels de l’éducation spécialisée et du travail social seront sans doute reconnaissants aux rédacteurs d’Initia’TIV, une toute nouvelle revue électronique (numéro 1801),d’avoir su rendre compte de la dimension complexe de la fugue dans le dossier consacré à ce thème. Dans le domaine musical, la fugue est cet art du contrepoint produisant l’impression de l’existence plusieurs voix qui se fuient et se poursuivent (dictionnaire du Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales). D’où cette petite musique que laisse percevoir les passages à l’acte de l’adolescent, pour peu que l’adulte éducateur soit suffisamment disponible pour l’entendre. Car, dans le fond, c’est bien de cela dont il s’agit lorsqu’un adolescent s’enfuit de « son domicile » (dictionnaire Larousse) avec l’intention non pas de produire une rupture par la fuite mais de provoquer un reliance par la poursuite. Et, à bien des égards, les analyses produites par les contributeurs au premier numéro d’Initia’TIV rappelle que si la fugue est un symptôme, comme tout symptôme elle n’est pas seulement un signe, celui d’une pathologie ou d’un dysfonctionnement, mais une parole… aussi. Une parole adressée et destinée à être entendue! Et toutes les équipes de professionnels ne sont pas forcément à l’aise avec l’écoute de ces symptômes, lesquels, par delà le bruit produit et répercuté par l’établissement ou le service, donnent à entendre une sonorité singulière. Comme le murmure d’un rappel à l’aide.