Eduquer les enfants sans repères

Eduquer les enfants sans repères

Bonjour Monsieur GABERAN,

Bonjour,

 

Je suis en première année de formation d’éducatrice de jeunes enfants au Centre de formation des professionnels de l’enfance à Lille. Dans le cadre de la formation, nous devons réaliser un exposé sur différents thèmes proposés ; et nous sommes quatre élèves intéressés par votre ouvrage Eduquer les enfants sans repère sur lequel nous aurions quelques questions à vous poser :

 

ABY : Qu’est-ce qui vous a donné envie d’ écrire ce livre?

PG : Ce livre a été écrit en 1996, il a connu trois éditions successives avant que l’éditeur ne prenne la décision de ne plus l’éditer. Si un certain nombre de constats établis dans l’ouvrage demeurent pertinents et encore d’actualité, le phénomène décrit, notamment la perte de repères adultes dans la trajectoire du grandir de l’enfant, a pris des proportions et des manifestations autres.

ABY : Dans quel but l’avez-vous écrit ?

PG : Je dénonce, à l’image de tant d’autres, l’individualisme et le chacun pour soi qui viennent déposséder l’adulte de sa responsabilité d’éducateur auprès de l’enfant. Ce dernier ne peut pas atteindre seul le sens à être là, présent au monde (je reprendrai ce thème dans la relation éducative). C’est aux adultes de veiller à transmettre un sens à l’existence. Le basculement dans une société de l’immédiateté et du chacun pour soi vient priver l’enfant des repères adultes.

ABY : Qu’avez vous voulu dénoncer ?

PG : A son époque le livre a suscité la polémique car il vient dire que les phénomènes de rupture dans l’éducation des enfants et adolescents ne concernent pas seulement les « jeunes des cités », ceux que l’on nomme alors les « sauvageons », mais que c’est un phénomène qui percute toutes les classes sociales (je parle d’un effet de « contamination » dans le livre) dès lors que les adultes n’assument plus leur rôle. Je dénonce l’accusation de « démission parentale », à l’époque pointée du doigt dans les médias de masse et les discours intellectuels, pour affirmer que ce sont l’ensemble des piliers sociétaux qui sont en train de se transformer.

Je dis que la violence des enfants et des adolescents est le juste retour d’une violence silencieuse commise par les adultes à leur égard dès lors que ceux-ci se soustraient au devoir d’assurer à l’enfant un espace-temps sécurisé au sein duquel inscrire sa trajectoire de vie.

ABY : Quelle thèse défendez-vous ?

PG : Je défends les notions d’éducation et d’éducation spécialisée avec une « colère sourde » à l’égard de tous ceux qui disent que l’éducation spécialisée n’est spécialisée en rien. Mon ami et éducateur belge, Guy Delhasse, dit dans son ouvrage Quand je éduque un autre, qu’il y aura bientôt plus personne pour se dire éducateur.

ABY : Nous avons choisi aussi de jouer la pièce mais nous ne savons vraiment pas comment nous prendre. Avez-vous une idée de mise en scène?

PG : Désolé, mais ce n’est guère mon domaine de compétence.

ABY : Nous voudrons finir notre exposé par un débat quelle est selon vous la question qui pourrait soulever un débat court et enrichissant?

PG : Pourquoi l’adulte contemporain rechigne-t-il à assumer son rôle d’éducateur à l’égard des enfants et adolescents ?

 

Merci

Avec plaisir

Aya BLONDE YAO

Philippe GABERAN

 

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