Educateur spécialisé (1977 à 2000)

Educateur spécialisé (1977 à 2000)

Educateur spécialisé de Septembre 1977 à Juillet 2000

En septembre 1977, après avoir effectué des remplacements et encadré des camps d’été, je débute à vingt ans une activité d’éducateur à plein temps au sein de l’Association Oeuvre Saint Léonard, à Couzon au Mt D’Or (Rhône). D’abord structure d’accueil pour des sortants de prison, dans le courant des années 60 et alors que la tendance est à la fermeture des lits d’hôpitaux psychiatriques,  l’institution réoriente son activité pour devenir structure d’accueil pour des personnes adultes déficientes intellectuelles ou souffrant de maladies psychiques. C’est pour moi le temps des premières rencontres avec la folie et les parcours de vie de résidants ayant subi les traitements d’alors, lobotomie et éclectro-chocs, avant que ne se généralise l’usage des neuroleptiques. Le vivre avec ces personnes au quotidien vient percuter mes interrogations sur le sens de l’existence, la confrontation avec la norme et la différence. Je m’inscris à la faculté de philosophie Jean Moulin à Lyon, suit les enseignements de François Dagognet, de François Chirpaz, de Pierre Cariou. Michel Foucault et aussi Georges Canguilhem sont des auteurs qui ne me quittent plus; alors que, par ailleurs, je passe des nuits à travailler sur les auteurs classiques de Aristote à Descartes.

Le foyer Saint Léonard,  adossé à un Centre d’Aide par le Travail, fonctionne sur le modèle de l’internat. Affecté à l’un des groupes de vie, en plus de toutes les activités en lien avec la vie quotidienne (levers, repas, toilettes et animations des soirées), j’oriente rapidement mon temps de travail en journée vers le développement des activités physiques et sportives au sein de la toute jeune Fédération Française de Sport Adapté.  Sous l’impulsion de Ghislaine Cantat et de Fabienne Armand ainsi que d’un tout petit groupes de collègues bénévoles, je participe à la création du comité régional Rhône-Alpes, au développement de la pratique du sport adapté en dedans et en dehors des institutions par le biais des compétitions régionales et/ou nationales. Dès lors le rapport au corps par le biais des activités de médiation que sont les activités physiques et sportives ne cessera de prendre une part importante dans ma réflexion sur la relation d’aide éducative et de soin.

A la faculté de philosophie nous sommes un petit groupe d’étudiants et d’amis qui travaillons sur le corps, les rites et les violences sous la houlette de François Chirpaz. L’anthropologie de Claude Levi-Strauss constitue le socle de nos recherches poussant nos investigations vers le cycle de Frazer, les travaux sur la transe, les mutilations rituelles, les violences mimétiques. René Girard et ses travaux apparaissent dès lors comme des points de repère incontournables.  François Chirpaz publie Les enjeux de la violence. Par ailleurs, dans un registre différent mais cependant complémentaire dans le souci qui m’anime de mieux comprendre les ressorts de la relation éducative, François Dagognet me fait découvrir au détour d’une réflexion les travaux de Condillac qui dès l’instant ne quittera plus mes propres recherches.

Durant les années 70 à 80, l’Oeuvre Saint Léonard surfe sur l’élan politique et social donné au développement des institutions spécialisées et diversifie ses structures d’accueil. Implanté sur Villefranche-sur-Saône, par le biais d’appartements intégrés à la cité, le Service d’Accompagnement à la Vie Sociale connaît un réel essor. Je rejoins le collègue travaillant sur place avant que l’équipe ne s’étoffe. Le premier choc pétrolier est déjà venu impacté l’économie mondiale et pourtant les lois du 30 juin 1975 portent en avant l’intégration sociale des personnes en situation de handicap. De jeunes adultes en difficulté d’insertion trouve encore un accueil possible en entreprises. Notre petite équipe fait le lien avec les employeurs et les différents partenaires nous accompagnant dans ce travail d’insertion social. Nous mobilisons notre énergie et notre savoir faire dans l’accompagnement à la vie quotidienne d’un jeune couple. Une expérience professionnelle sans doute banale aujourd’hui mais qui à l’époque nous confronte à de multiples interrogations.

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