La vie, c’est mortel !

La vie, c’est mortel !

Il est inutile de présenter Fred Vargas aussi, et pour faire court, allons d’emblée à l’essentiel et à la lecture de son dernier roman policier, intitulé Quand sort la recluse et publié chez Flammarion en mai 2017. Tout d’abord, et par-delà le rituel des vœux qu’il est toujours bon de commettre, que soit  bénie cette période des fêtes de fin d’année pour nous avoir donné la possibilité de lire les presque 500 pages dans un temps extrêmement condensé ! Bien sûr, l’intérêt du récit tient d’abord à l’originalité avec laquelle l’auteure, médiéviste et  passionnée par la chose animale autant que par l’écriture, se saisit de ce thème de la recluse dans la double acceptation du terme : celle, d’abord,  concernant ces femmes volontairement emmurées afin d’expier tous les péchés des hommes et celle, ensuite, évoquant le nom de cette araignée au poison vénéneux mais jamais mortel… à moins qu’un personnage aux intentions justes mais machiavéliques trouve le moyen d’en faire un instrument de vengeance. Mais le suspense, lié à l’intrigue, ne vaut que par l’épaisseur des personnages mis en scène. Les habitués de Fred Vargas connaissent déjà la singularité du commissaire Adamsberg et sa façon particulière de renifler les crimes et la piste menant aux coupables. Ses « bulles gazeuses » et le phénomène à la fois physique et psychique qu’elles suscitent en lui servent de support à son mode de penser au point d’agacer ses collègues et, en même temps, de susciter leur respect. Car ces bulles gazeuses sont une métaphore extraordinaire de l’intuition, au sens noble donné à ce terme par Aristote. Soyons clair ! Il y a certes un psychiatre et psychanalyste qui déboule dans le champ de l’enquête, mais Fred Vargas ne fait pas dans la psychologie. Elle se contente d’aller au cœur de l’humain et de se coltiner la façon dont chaque être construit son environnement en reflet de sa propre structure psychique, et donc de son histoire. Mais l’autre point particulièrement intéressant de Quand sort la recluse est la réflexion sur le travail en équipe… « si on peut appeler cela une équipe » , remarque Adamsberg, un rien dépité, à la page 203. Mais pas plus qu’elle ne théorise sur la psychologie des êtres, Fred Vargas ne donne des leçons de management. Son truc, rappelons-le, c’est le roman… un point ce n’est pas tout !  Mais tout de même, et sans perdre le fil de l’histoire, il est stupéfiant de lire combien il ne suffit pas d’avoir raison pour convaincre, y compris ceux qui sont sensés être à vos ordres. Alors j’aime ce roman parce qu’il est la vie, et j’aime la vie parce qu’elle est un roman.

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