De la performance dans l’acte éducatif

De la performance dans l’acte éducatif

Florence (Italie) – Sculpture représentant Saint Jean-Baptiste

Ce vendredi 7 décembre, je suis en Haute-Garonne et je veux remercier la gouvernance de cette association, les administrateurs et la direction, de m’avoir associé à une journée de réflexion sur la « performance dans l’acte éducatif ». J’y vois la preuve d’une volonté d’aménager le temps institutionnel pour donner la possibilité à tous et à chacun de « lever le nez de dessus le guidon », comme il est couramment dit, et de prendre la mesure des résultats produits. Je veux remercier aussi les équipes qui se sont engagées à jouer le jeu en acceptant, en guise d’atelier, de présenter les dispositifs souvent innovants mis en place. Même si, spontanément, la démarche pouvait susciter quelques craintes, résistances voire même oppositions ; tant il n’est pas simple de prendre le risque de s’exposer, de sexe-poser ou de « se mettre à nu », là aussi comme il est dit couramment. D’autant plus que la « performance » n’est pas un gros mot, même en langage d’éduc ! Car rien dans son étymologie ou dans son usage ne vient faire obstacle à la mise en œuvre des valeurs humanistes portant les métiers de la relation. Le mieux-être de la personne accompagnée, résultat escompté, est une plus-value autant pour la personne elle-même que pour le dispositif, les professionnels et plus largement encore la société. Par ailleurs, avant d’être associée à la notion d’ « exploit », une signification lui ayant été attribuée à la fin du XIXe et au début du XXe siècle (cf. le dictionnaire d’Alain Rey), la performance vient dire une réalisation ou un résultat obtenu. Qui voudrait argumenter voire revendiquer le fait que la relation éducative ne produise pas de résultat ? Autrement dit, qui refuserait d’admettre qu’elle soit performante? Personne ! En revanche, que la nature et l’évaluation de cette performance (résultat) puissent générer des divergences de point de vue et faire l’objet de débats, voilà qui ouvre des possibles.

Caractériels, puisque c’est dans leur gêne (et au fond c’est ce que j’aime en ce métier dès lors que ce trait ne vire pas à l’opposition aveugle), les éducs spés ont toujours estimé que, puisqu’ils étaient professionnels et donc experts en leur métier, les partenaires et les financeurs devaient croire sur parole en leur efficacité, leur « faire confiance », et que de fait ils n’avaient pas à rendre compte de leur action (à différencier, au moins dans un premier temps, « rendre compte » et « rendre des comptes »). Certes ! Et si cette posture a pu un temps être en phase avec un contexte politique, social et économique, force est d’admettre que, sans renier le passé, une telle attitude n’est plus possible. Les professionnels le savent d’ailleurs fort bien eux qui, au quotidien, mesurent combien à symptômes en apparence similaires, le même acte éducatif n’obtient pas le même résultat. Avec un rien de mauvaise foi, les éducs spés se sont alors saisis de ce caractère éminemment singulier de chaque relation pour affirmer l’impossibilité de dégager des généralités et de s’inscrire dans un processus d’évaluation des performances réalisées ; laissant ainsi le champ libre aux seuls experts investis loin du terrain. Or faire surgir la singularité de dessous l’universalité est bien l’art de l’éducation dans sa capacité à mettre en œuvre au quotidien le processus de subjectivation. Non seulement, il y a une performance dans l’acte éducatif mais celle-ci est évaluable par les acteurs de cette performance eux-mêmes, à savoir la personne accompagnée et l’adulte éducateur, dans ce qui fait à la fois la spécificité d’une situation et son caractère comme-un. Une page se tourne dans l’éducation spécialisée. Ce qui ne signifie pas la fin de l’histoire… Bien au contraire ! L’avenir s’ouvre car l’occasion est offerte aux professionnels de se réapproprier leurs métiers et de faire valoir leur complexité.

One Reply to “De la performance dans l’acte éducatif”

  1. monsieur, merci pour cet article. Serait-t-il possible de connaître les conditions pour vous faire intervenir auprès d’une équipe d’un EME sur Paris? merci à vous

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