La servir non l’asservir
Ayant été invité au mois de juin par l’association Accueil et famille et la CNAPE (Toulouse) à traiter du sujet « Faire du savoir aimer une compétence professionnelle » dans le cadre d’une journée d’études consacrée au thème Enfants placés, enfants en rupture de relation : comment les accompagner pour qu’ils puissent se construire », j’ai eu le plaisir de rencontrer pour la première fois Catherine Dolto, de lui dire ce que les travaux de sa maman avait pu nous apporter à ma femme et moi-même dans l’éducation de nos trois enfants, de l’écouter dans son intervention « Enfants séparés et placés : étayer l’affectif » et surtout de retenir cette « recommandation », faite par elle et par ailleurs mûrie tout au long de l’été au gré de mes diverses lectures : « ne jamais adresser à une personne une remarque qui ne puisse la servir ». Ce n’était peut-être pas tout à fait ses mots mais tel en était l’esprit. Car adresser une remarque avec pour seul effet de venir surligner la défaillance de la personne accompagnée (comme c’est trop souvent le cas), voire dans le seul objectif, même non avoué, de la blesser, et de soulager ainsi un sentiment d’impuissance, non seulement ne rend service à personne mais s’avère totalement contre-productif dans l’accompagnement au grandir. Un truisme que de tels propos ? Une évidence ? Peut-être ! Mais que viennent trop souvent invalider des pratiques piégées à l’urgences du quotidien. Car si une remarque doit être adressée à la personne accompagnée elle doit l’être dans le but de la servir et non de l’asservir. Cette règle devrait servir de garde-fou à toute parole dite (par exemple, être prononcée dans la tête pendant que la langue tourne sept fois dans la bouche), et elle devrait toujours être rappelée à soi-même avant d’agir. Là est, me semble-t-il, la charnière entre la posture et l’imposture.